Née en France à la fin des années 1750, la physiocratie, littéralement
« gouvernement de la nature », est un mouvement économiste qui considère que seule la nature produit de la richesse. Selon les physiocrates,
l’indépendance économique doit être assurée par la croissance intérieure du pays,fondée sur une agriculture scientifique. La science des botanistes doit
permettre d’enrichir la flore nationale et de développer des cultures nouvelles.
D’où une série de voyages des naturalistes des Lumières, consacrées à recueillir, transporter et mettre en culture des plantes, d’une région à
l’autre du monde, par le relais du Jardin du roi ou de ses annexes coloniales.
L’idée est donc de constituer en Corse un laboratoire de variétés exotiques. Louis Claude Noisette est nommé par André Thouin pour le créer : « Le jardin botanique est entièrement consacré à la science. Nous le divisons en jardin d’étude botanique et en jardin de naturalisation ». D’une superficie de plus de 6000 m², il était entouré de murs et possédait deux pavillons, dans l’un logeait le jardinier-botaniste.
Dans une lettre adressée au Citoyen Thouin en 1801, Noisette lui fait part de ses premiers succès. « Presque tous ces végétaux sont arrivés à bon port ; ils ont été mis aussitôt en pleine terre et cette transplantation n’a point paru diminuer leur vigueur ; au contraire, leur accroissement a été très sensible pendant cette première année. Parmi les arbres qui composent cette colonie végétale, on distingue chêne à glands doux, faux acacia, cytise des Alpes, jujubier, arbre de Judée, goyavier, indigotier, coton arbrisseau, sophora du Japon, plaqueminier de Virginie et févier de Chine ; parmi les herbacées, on compte le nopal des cochenilles (figuier de Barbarie), l’aloes-pitte (Agave), diverses espèces d’arums, d’asclépias, de géranium, de solanum, de belladonna, dont les unes sont utiles aux arts, les autres à la médecine ». Quand Miot quitte la Corse, en 1803, il écrit : « Un terrain appartenant à l'État, à l'ouest d'Ajaccio, fut consacré à former un jardin botanique où toutes les graines ainsi que les plantes qu'on m'avait remises à Paris avaient généralement réussi. Le coton herbacé et le coton en arbre, l'indigo étaient en pleine végétation. Le cactus de la cochenille avait repris et l'insecte qui s'en nourrit était bien vivant.»
Les plantes exotiques s’y développaient si bien qu’en 1807, l’Empereur décréta que ce jardin serait désormais une succursale du Jardin des plantes de Paris et dépendrait du Museum d’Histoire Naturelle. Mais les crédits ne furent accordés qu’en 1812. Lors des troubles à Ajaccio, alors que Napoléon était sur l’Ile d’Elbe, les murs de clôture du jardin furent rasés, presque toutes les plantations furent pillées. On recensa quand même quelques cotonniers en 1817, les cactus à cochenilles persistaient en 1822, ainsi que quelques centaines d’arbres fruitiers, des vignes de Frontignan, du blé dur de Crimée, du riz de montagne. En 1825, on y planta du thé, des caféiers. La canne à sucre et le ricin étaient en pleine expansion quand on décida d’agrandir agrandir l’hôpital militaire en 1826. Le jardin fut alors déplacé aux Salines en 1831.
Descriptions de cette exposition virtuelle
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