Exposition Médecine

Au temps d’Hippocrate :

La médecine occidentale trouve son véritable point de départ dans la Grèce Antique avec la naissance des concepts rationnels qui devaient définir la pensée et la pratique médicale en Europe pendant plus de 2000 ans. Les maladies sont dès ce moment attribuées à des causes naturelles sans intervention de la magie et du divin. On privilégie le sens de l’observation et la raison pour formuler un diagnostic.  C’est en Grèce Antique que voit le jour le plus influent des médecins : Hippocrate (450-377 av. J-C). On attribue à ce dernier un nombre considérable de traités fondateurs de la Médecine mais aussi le fameux Serment, texte de déontologie pour un médecin mettant en avant l’intérêt du patient, la probité du médecin et le secret médical ! Enfin, sa réputation fut telle que les procédés (saignées, cautères, purgatifs etc…) qu’il recommande seront appliqués jusqu’au XVIIIe. Néanmoins, l’anatomie et la physiologie demeurent mal connues. En cause : le tabou de la dissection humaine. Pour se représenter l’intérieur du corps, les médecins avaient recours à leur imagination en fonction de ce qu’ils observaient à l’extérieur du corps. Cela mena à quelques observations perspicaces mais surtout des observations erronées. Aristote (IVe av. J-C) est l’un des premiers à accorder une place majeure au cœur (pour lui : source vitale).

Du point de vue thérapeutique, les maladies affectant un individu étaient un déséquilibre des humeurs : sang, phlegme, bile jaune et bile noire. La doctrine humorale fut systématisée dans l’Empire Romain par Galien (131-201), autre grande figure de l’Histoire de la médecine occidentale. Sa notoriété exceptionnelle devait faire de la théorie des quatre humeurs la théorie dominante pour de nombreux siècles. Galien estimait la connaissance de l’anatomie essentielle. Mais faute de pouvoir pratiquer des dissections sur les hommes, il se contenta des animaux et établit des analogies sur la condition physique de l’espèce humaine. Résultat : ses théories physiologiques (en partie fausses) devaient dominer la médecine occidentale pendant 14 siècles.


                   Des monastères aux Universités :

 A la fin de l’Empire Romain, les ouvrages encyclopédiques sont traduits en latin essentiellement et témoignent d’une transmission de la médecine grecque et byzantine. Durant cette période (Ve-XIe siècles), la connaissance et la pratique médicale sont principalement dévolues aux moines, bien qu’il y eut certainement d’autres thérapeutes (laïc, juif, sage-femme, etc…). Mais les textes les mentionnent rarement. Ainsi, les moines se consacrèrent à la réalisation de nombreux manuscrits, copies de textes antiques ou de nouvelles compositions : l’Hortulus de Walafrid Strabon (IXe), le Macer Floridus (fin du XIe), et la Physica d’Hildegarde de Bigen (XIIe). Parmi les obligations ecclésiastiques se trouvaient celle de porter secours aux pauvres, aux infirmes, aux pèlerins. Ainsi, on met en place les premiers hôpitaux près des évêchés et des monastères.

Dès la fin du Haut-Moyen Age, sous la poussée de l’urbanisation de la société, la médecine se laïcise. En effet, l’enseignement médical se structure. Ainsi l’Ecole médicale de Salerne (Xe-XIe) bénéficie de l’apport des premières  traductions latines d’ouvrages médicaux arabes eux-mêmes héritiers de la pensée grecque antique. L’Ecole de Salerne publie à son tour des ouvrages qui font autorité en Europe jusqu’à la fin du Moyen-âge comme le Régime de Salerne (ensemble de prescriptions hygiéniques et diététiques). Dans le courant du XIIIe siècle, les écoles de médecine se structurent en universités. La médecine connaît un développement important. L’enseignement se fonde sur les sources antiques (Hippocrate, Galien) et arabes (Avicenne en particulier). Leurs doctrines, dont celle des quatre humeurs font autorité.</p>

<p>Il est à noter qu’en marge de la médecine apparait une nouvelle pratique novatrice : la Chirurgie. En développement, dès le XIIe siècle en Italie, et aux XIIIe et XIVe siècles dans les pays septentrionaux. Certains chirurgiens font preuve d’une réelle audace, notamment Henri de Mondeville (1260-1317) qui préconise le nettoyage des plaies avec du vin avant la pose d’un pansement sec, en s’opposant à la suppuration des plaies, préconisée par les Anciens pour éliminer les humeurs.

Les chirurgiens insistent sur l’importance d’une bonne connaissance de l’anatomie. Ainsi ils contribuent à la pratique de la dissection humaine. Celle-ci était pratiquée dès la fin du XIIIe siècle, dans le cadre légal des études universitaires (il s’agissait d’attester des observations des Anciens) et surtout des autopsies judiciaires.